Publié dans le magazine Books n° 103, décembre 2019 / janvier 2020. Par Jonathan Freedland.
La première femme Premier ministre du Royaume-Uni était souvent caricaturée en homme, et ses détracteurs contestaient sa féminité. Elle sut pourtant habilement en jouer auprès de ses interlocuteurs masculins. Elle se disait antiféministe mais, au début de sa carrière, incita les femmes à accéder aux plus hautes fonctions.
Deux jours après la mort de Margaret Thatcher, en avril 2013, le Parlement britannique rendit hommage pendant plus de sept heures à celle qui avait dirigé le Royaume-Uni de 1979 à 1990. Un seul député osa en dire du mal : l’actrice Glenda Jackson, qui avait quitté Hollywood au profit de la scène moins glamour de la Chambre des communes, tira à boulets rouges sur l’ancienne Première ministre conservatrice, décédée à l’âge de 87 ans. Glenda Jackson conclut son anti-éloge funèbre, qui reste l’acte le plus mémorable de sa carrière politique, en s’adressant à ses collègues travaillistes qui estimaient devoir souligner que Thatcher avait eu le mérite d’être la première femme Premier ministre du pays. « Une femme ? Pas selon mes critères. »
La députée reprenait ainsi un motif bien connu de ceux qui avaient vécu les tumultueuses années 1980, époque qui fut, à l’image de Thatcher elle-même, à la fois conservatrice et révolutionnaire. Les vétérans de ces années-là se souviennent de l’émission de télévision satirique
« Spitting Image » [« Portrait craché », l’équivalent des « Guignols de l’info »], dans...