Pogroms ukrainiens
Publié en février 2025. Par Books.
Célébrée dans le spectacle mis en scène par Ariane Mnouchkine dans son Théâtre du Soleil, la République populaire ukrainienne instituée en 1918 au nez et à la barbe des Bolcheviks de Moscou fut, on le sait, l’occasion d’effroyables pogroms. Rapidement évoqués dans le spectacle, ils sont relatés en détail par l’historien américain Jeffrey Veidlinger. Entre 1918 et 1921, date de la reconquête de l’Ukraine par les Bolcheviks, plus de 100 000 juifs ont été assassinés et 600 000 ont fui le pays. Le livre s’ouvre en évoquant des précédents : les pogroms déclenchés à la suite de l’assassinat du tsar Alexandre II en 1881 à Elisavetgrad (l’actuelle Kropyvnytskyï, au centre de l’Ukraine) puis, dans le sillage de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, avec comme point culminant une sorte de Saint-Barthélemy à Odessa, lors de laquelle 800 juifs ont été assassinés en quatre jours. Les juifs servirent à nouveau de boucs émissaires lors de l’avancée des troupes russes sur le front est pendant la Première Guerre mondiale. Les pogroms en série perpétrés entre 1918 et 1921 furent souvent orchestrés par des officiers de l’armée de la jeune république. Le point commun entre tous ces pogroms fut la propagation d’absurdes théories du complot. En rendant compte de ce livre dans la London Review of Books, l’historienne britannique Abigail Green regrette seulement que l’auteur passe sous silence le précédent le plus ancien : les massacres de Khmelnytsky en 1648-1649. Des milliers de juifs ont alors été massacrés, provoquant « la première crise de réfugiés juifs de grande ampleur en Europe orientale ».