Impérial gigolo
Publié dans le magazine Books n° 27, novembre 2011.
Au début du XXe siècle, sir Edmund Trelawny Backhouse était un orientaliste très respecté, l’un des rares Européens à vivre en Chine. Ses livres ont façonné le regard de l’Occident sur l’empire du Milieu. Aujourd’hui, on sait que ses travaux reposaient, en fait de sources, sur des faux, et le peu scrupuleux Backhouse est complètement discrédité. Ses Mémoires, qu’il rédigea pour l’essentiel en 1943, alors qu’il se mourait, étaient restés inédits…
Au début du XXe siècle, sir Edmund Trelawny Backhouse était un orientaliste très respecté, l’un des rares Européens à vivre en Chine. Ses livres ont façonné le regard de l’Occident sur l’empire du Milieu. Aujourd’hui, on sait que ses travaux reposaient, en fait de sources, sur des faux, et le peu scrupuleux Backhouse est complètement discrédité. Ses Mémoires, qu’il rédigea pour l’essentiel en 1943, alors qu’il se mourait, étaient restés inédits. Intitulés Décadence Mandchoue, ils viennent de paraître à Hong Kong, en anglais et en chinois, mais leur diffusion devrait rester très restreinte en Chine continentale. Il faut dire que l’ouvrage contient de nombreux passages pornographiques. Le vieil homme s’y souvient de sa jeunesse de luxure à Pékin et dresse le portrait d’une cour impériale elle-même fort débauchée.
« Le livre s’ouvre dans un lieu nommé non sans ironie la Maison des plaisirs chastes, où des princes et de hauts fonctionnaires achètent les services de jeunes hommes », rapporte Joyce Hor-Chung Lau dans le New York Times. Autre caractéristique de Décadence Mandchoue : les délires mythomanes de son auteur, qui prétend avoir été l’amant non seulement de Verlaine et d’Oscar Wilde, mais de l’impératrice douairière Tseu-Hi elle-même ! Il aurait été « lavé et parfumé par des eunuques, puis introduit dans la chambre de la souveraine, alors âgée de 69 ans, pour y officier comme esclave sexuel », raconte Joyce Hor-Chung Lau. Et Backhouse de s’étendre sur la poitrine de jeune fille de l’impératrice, ses fesses galbées, mais surtout sur la taille apparemment hors norme de son clitoris…