Publié dans le magazine Books n° 103, décembre 2019 / janvier 2020. Par Jonathan Mirsky.
L’impératrice douairière exerça le pouvoir en Chine de 1861 à sa mort, en 1908. Les historiens chinois et occidentaux l’ont longtemps présentée comme une despote réactionnaire, responsable de tous les maux ultérieurs du pays. Aujourd’hui, certains voient en elle une grande réformatrice.
Au milieu des années 1950, du temps où je préparais ma thèse d’histoire de la Chine, l’impératrice douairière Cixi ou
Ts’eu-hi (1835-1908) passait systématiquement pour une réactionnaire et était honnie ; c’est Mao Zedong que l’on admirait. Dans les ouvrages de référence de l’époque, les grands sinologues américains présentaient Cixi comme une femme cruelle, autoritaire, hostile aux réformes d’inspiration occidentale préconisées par les hauts fonctionnaires progressistes, qui étaient tous des Hans. Ces réformateurs, nous apprenait-on, étaient différents des Mandchous au pouvoir, qui avaient conquis la Chine en 1644 et s’efforçaient de maintenir manu militari un empire en pleine déliquescence. Une amie chinoise, lycéenne à Pékin dans les années 1970, me raconte qu’on leur enseignait que Cixi était une
maiguozei, une traîtresse. Depuis, l’opinion sur Cixi a évolué, et les historiens généralistes brossent d’elle un portrait plus équilibré. Beaucoup affirment encore toutefois qu’elle fut une force négative.
Jung Chang nous en propose à présent une lecture en grande partie nouvelle, que j’estime dans...