Publié dans le magazine Books n° 12, mars-avril 2010. Par Sergio Missana.
En 1986, le bras armé du Parti communiste chilien est bien décidé à abattre la dictature. Ce fut un désastre. Une enquête minutieuse raconte cette bataille perdue à travers l’histoire des individus ordinaires qui l’ont menée. Un thriller kafkaïen.
Le dimanche 7 septembre 1986, sur la route du canyon Cajón del Maipo, à quarante kilomètres au sud de Santiago, un commando du Front patriotique Manuel Rodríguez (FPMR), bras armé du Parti communiste chilien, tendit une embuscade au cortège du général Pinochet. Une voiture tractant une caravane barra la route aux six véhicules officiels, qui s’immobilisèrent, à la merci des mitraillettes et des lance-roquettes de vingt et un francs-tireurs, répartis en deux groupes d’assaut et un groupe d’arrière-garde. La première voiture fut éventrée par une roquette. La deuxième, la voiture blindée où se trouvait le général, son petit-fils de 10 ans et un aide de camp, tenta de forcer le barrage en marche arrière mais heurta la Ford LTD qui suivait. « C’est à cet instant que la Mercedes de Pinochet entre dans la ligne de mire du lance-roquettes LAW de Marcos. Clic. Rien. Le projectile ne part pas. Marcos verrouille le chargeur et le réarme. Cette fois, la roquette jaillit, atteignant aussitôt la Mercedes à la fenêtre arrière droite, exactement à l’endroit où Pinochet est assis avec son petit-fils. Mais elle rebondit...