Ils militent pour « l’ingénierie démographique »
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Anna Louie Sussman.
Pour sauver une planète menacée par le réchauffement climatique, il suffit de limiter le nombre d’êtres humains ! Telle est la logique imparable de beaucoup d’écologistes. Un néomalthusianisme vert qui, derrière une rhétorique des droits des femmes, soutient des méthodes souvent coercitives, ne tenant guère compte des désirs des premières concernées.
En 1969, un an après la parution du livre de Paul et Anne Ehrlich qui prédisait qu’une « bombe démographique » allait mener l’humanité à la famine généralisée et à l’instabilité politique 1, Stephanie Mills, 20 ans tout juste, adressa à sa promotion du Mills College, lors de la remise des diplômes, un tonifiant discours intitulé « L’avenir est un canular cruel ». Mills, une féministe et une écologiste qui portait des stérilets en guise de boucles d’oreilles, pensait, comme beaucoup de femmes de sa génération, que son rôle pouvait et devait s’étendre bien au-delà de la maternité. Pourtant, elle présenta sa décision de renoncer à la reproduction comme un sacrifice consenti pour le bien de la planète plutôt que comme l’expression d’un choix individuel. « Je suis terriblement attristée, déclara-t-elle, que la chose la plus humaine à faire pour moi soit de ne pas avoir d’enfant du tout. »
Cinquante-deux ans et quelque 4 milliards de personnes plus tard, nous nous demandons toujours dans...