Publié dans le magazine Books n° 83, mai / juin 2017. Par Brishen Rogers.
L’automatisation bouscule en profondeur le marché du travail et crée un fossé croissant entre nantis et déshérités. De ce point de vue, un revenu universel sera une mesure salutaire – à condition de s’inscrire dans un panel de réformes beaucoup plus large.
«Le changement est inévitable, le progrès facultatif. » C’est l’un des bons mots d’Andy Stern, qui présida le syndicat nord-américain des employés des services (SEIU) de 1996 à 2010. Stern a pris l’adage à cœur. L’attrait qu’il a exercé sur les syndicalistes de ma génération – nous qui avons été les témoins directs de l’affaiblissement du mouvement ouvrier au cours des trente dernières années – tenait en partie à ses appels à inventer de nouveaux modèles visant à refaire du syndicalisme la pierre angulaire d’une bonne société. Mais son nouveau livre constitue un revirement stupéfiant. Après avoir quitté la SEIU, Stern a passé cinq ans à discuter avec des spécialistes du capital risque, des P-DG et des défenseurs des droits des salariés qui essaient d’imaginer l’avenir du travail. Il en est arrivé à cette conclusion : « Les syndicats, aussi importants qu’ils aient été, ne sont plus l’unique ni même le meilleur moyen d’accomplir ce qui importera le plus aux travailleurs américains dans vingt-cinq ans. »
Ce qui est passé par là ? La supposée révolution des robots. Stern en est...