Peut-on excuser Robespierre ?
Publié dans le magazine Books n° 34, juillet-août 2012. Par Colin Jones.
Apôtre de la démocratie sociale puis de la terreur, partisan de l’abolition de la peine de mort puis des exécutions en série… La personnalité du « premier dictateur moderne » résiste toujours à l’enquête des historiens. Faute d’archives probantes, mais aussi en raison du clivage qui oppose aujourd’hui encore ses admirateurs et ses détracteurs.
Un nuage noir plane depuis toujours sur le nom du révolutionnaire français Maximilien Robespierre. Paris ne possède aucun monument à sa mémoire. Aucune artère de la capitale ne porte son nom, alors même que les rues Saint-Just et Robert-Lindet, ou encore le boulevard Carnot honorent plusieurs de ses collègues du Comité de salut public qui gouverna la France sous la Terreur en 1793 et 1794. Il existe bien une station de métro Robespierre depuis le Front populaire, mais au-delà du boulevard périphérique, dans la banlieue ouvrière de Montreuil. C’est comme si Paris – pourtant riche en lieux de mémoire – souffrait d’amnésie sur le sujet. Même dans sa ville natale d’Arras, observe Ruth Scurr dans sa nouvelle biographie, les symboles commémoratifs brillent par leur absence, et la maison Robespierre est si vide qu’elle donne au visiteur le sentiment que l’homme « est un personnage dont il faut avoir honte ».
Le leader révolutionnaire a cependant encore des admirateurs. La plupart des historiens qui en sont appartiennent à la Société des études robespierristes, fondée à Paris en 1907, qui se réunit régulièrement pour écouter des...
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