Hasard et coïncidences


© Matt Cheetham / Getty Nous sommes toujours surpris de tomber par hasard dans la rue sur quelqu’un que nous connaissons. Or les chances qu’un tel événement se produise sont très élevées.
Nous entretenons un drôle de rapport avec le hasard. Nous savons qu’il existe mais peinons à appréhender sa nature, avons tendance à ne pas y croire quand il se produit ou pensons être en mesure de le contrôler. Un journaliste allemand, qui admet ne pas maîtriser la notion de probabilité, décrit diverses manifestations de résistance au hasard. Un homme atteint d’un cancer ne conçoit pas que son neurochirurgien lui dise qu’il a simplement joué de malchance. Les futurs parents ont du mal à admettre que le sexe de leur enfant sera déterminé par le hasard. Et nous avons tous une forte propension à minimiser son rôle dans notre vie passée, dans nos succès, dans le modelage de notre ­personnalité. Une journaliste américaine évoque plus spécialement notre propension à interpréter les coïncidences, même lorsqu’il n’y a rien à interpréter. Les amoureux n’aiment-ils pas penser que leur rencontre était prédestinée ? Les coïncidences nourrissent la pensée magique, les théories du complot, la croyance en des forces occultes. Un professeur de psychologie décortique la façon dont même des experts chevronnés se laissent prendre aux pièges du hasard ou embobinent leurs clients en leur faisant croire à une rationalité illusoire. Et un biologiste regrette que le rôle du hasard dans la découverte scientifique soit systématiquement occulté.   Dans ce dossier :

Pour aller plus loin

Daniel Bourcier et Pek Van Andel, C’est quoi la sérendipité ? 80 découvertes qui ont bouleversé le cours de l’histoire (Courrier du livre, 2017). Par deux scientifiques.
Paul Deheuvels, La Probabilité, le Hasard et la Certitude (PUF, « Que sais-je ? », 2017). Par un statisticien membre de l’Académie des sciences.
Denis Grozdanovitch, La Puissance discrète du hasard (Folio, 2014). Promenade d’un esprit cultivé dans les méandres du hasard au quotidien.
Quentin Meillassoux, Après la finitude. Essai sur la nécessité de la contingence (Seuil, 2006). Le philosophe a publié aussi en 2011 Le Nombre et la Sirène, réflexion sur le poème de Mallarmé Un coup de dés jamais n’abolira le hasard.
Jacques Monod, Le Hasard et la Nécessité (Points, 2014). Sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Un grand classique, toujours actuel, paru en 1970.
Karl Otto Schmidt, Le hasard n’existe pas (Astra, 1996). Par un adepte de la psychologie dynamique.

ARTICLE ISSU DU N°85

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