Publié dans le magazine Books n° 85, septembre / octobre 2017. Par Dilip D’Souza.
C’est l’un des conflits les plus méconnus du monde. Depuis plus de trente ans, dans cette région forestière du centre de l’Inde, les rebelles maoïstes et les autorités se livrent un combat sans merci. Avec son cortège de morts et d’exactions de part et d’autre.
© Johann Rousselot / Signatures
District de Bastar, 2007. Pour combattre les insurgés maoïstes, l’État du Chhattisgarh avait mis sur pied en 2005 une milice d’autodéfense, la Salwa Judum, composée de jeunes à peine formés.
«La première victime d’une guerre, c’est la vérité », aurait dit le sénateur américain Hiram Johnson. Dans tous les conflits, des guerres médiques dans lesquelles s’illustra Leonidas aux batailles mythiques du Mahabharata, de la Première Guerre mondiale aux accrochages frontaliers de l’Inde contemporaine avec ses voisins chinois et pakistanais, les citoyens ordinaires se voient imposer une certaine vérité.
Dans le nouveau livre de l’anthropologue Nandini Sundar,
The Burning Forest, plusieurs vérités coexistent. À la page 305, l’auteure propose même une variante de la célèbre maxime de Hiram Johnson : « La vérité, quelle qu’elle soit, est un sujet de guerre. »
Mais que se passe-t-il donc au Bastar, au beau milieu de ce vaste corridor de l’Inde centrale ? Qu’en est-il exactement de ce mouvement maoïste ? Est-ce un soulèvement populaire, une manifestation de colère à l’égard de décennies d’injustice, de mauvaise gestion et d’abandon des pouvoirs publics ? Ce soulèvement a-t-il mal tourné ? Est-ce du terrorisme ? Une résistance héroïque contre un État autoritaire qui piétine les droits de la population ? Ou bien une...