Publié dans le magazine Books n° 14, juillet-août 2010. Par Joshua Jelly-Schapiro.
Descendant d’esclaves fugitifs, enfant des ghettos de Kingston, Bob Marley a fait du reggae l’étendard du combat anticolonial. Trente ans après sa mort, et avec 50 millions d’albums vendus, sa musique n’a jamais été aussi influente. Écoutées dans le monde entier, ses chansons qui célèbrent l’amour et l’insoumission servent à contester la tyrannie. Get Up, Stand Up est aujourd’hui l’hymne d’Amnesty International.
Bob Marley est mort prématurément d’un cancer le 11 mai 1981, à l’âge de 36 ans. Il était connu des jeunes du monde entier, mais peu de gens pressentaient alors la notoriété qui serait la sienne. Né en Jamaïque, il est le seul artiste du tiers-monde à être entré au panthéon du rock’n’roll. En 1999, la BBC a consacré
One Love « chanson du millénaire » ; la même année, le magazine
Time décrétait
Exodus « meilleur album du XXe siècle ». Désigné en 2001 troisième plus grand parolier de tous les temps par un sondage de la BBC (derrière Bob Dylan et John Lennon), Marley a vendu quelque cinquante millions de disques dans le monde. Près de trente ans après sa mort, il n’existe probablement aucun pays où l’on ne connaisse ses chansons, ballades ironiques et hymnes guerriers aux mélodies douces ou entraînantes.
Elles racontent l’histoire bien connue des esclaves noirs, amenés le plus souvent d’Afrique occidentale pour trimer dans les champs d’indigo et de canne à sucre de la Jamaïque. Comme beaucoup de jeunes de sa...