Choisir de dire la vérité, en politique, n’est-ce pas risquer de choisir la solitude ?
François Bayrou : La vérité est un choix de vie. La démocratie est une utopie, sans doute, et elle est en même temps un idéal. Mais, pour vivre, elle suppose un contrat de vérité entre citoyens et décideurs, élus et candidats. Ce qui signifie un engagement de tous les instants. Et si, momentanément, ce choix entraîne des difficultés, c’est sans gravité. Accéder au pouvoir sans avoir dit le vrai n’a aucun intérêt. C’est une forme de trahison, de compromission. Au contraire, l’effort de partager avec les citoyens la connaissance de la situation, l’exposé sans ambiguïté des décisions à prendre, donne aux gouvernants la légitimité nécessaire. Lorsque les efforts sont exigeants, ils n’entraînent pas toujours l’adhésion mais au moins l’estime, celle dont ont bénéficié des hommes comme Mendès France ou Barre. L’estime pour les dirigeants est un ressort essentiel du progrès d’un peuple. Et je ne crois pas que la solitude soit à...