Publié dans le magazine Books n° 19, février 2011. Par Jonathan Mirsky.
Le 30 décembre 2006, une religieuse tibétaine en fuite est abattue par les gardes-frontière chinois, à six mille mètres d’altitude. Quarante cordées d’alpinistes occidentaux assistent à la scène… et décident de se taire.
Il manque un mot au sous-titre du livre bouleversant que publie Jonathan Green : lâcheté. Cette lâcheté omniprésente dans l’histoire du meurtre d’une religieuse tibétaine de 17 ans, Kelsang Namtso. La scène se passe le 30 septembre 2006, au Tibet, dans le camp de base du Cho Oyu, le sixième sommet le plus haut du monde. Quarante équipes d’Occidentaux, ayant payé jusqu’à 20 000 dollars chacun, attendent leur tour pour se lancer à l’assaut de la montagne. Pour rendre leur attente plus confortable, quantité de sushis, de vin, de séries télé, de préservatifs et de M&M’s ont été acheminés par des centaines de yacks et de sherpas à près de 6 000 mètres d’altitude.
C’est là, à une demi-heure de la frontière népalaise, qu’arrivent en titubant, affamés et épuisés, Kelsang, sa meilleure amie Dolma et soixante-dix autres hommes, femmes et enfants. Ils enfreignent la loi qui interdit aux Tibétains de quitter leur pays sans autorisation. Le groupe est repéré par des gardes-frontière chinois, qui ouvrent le feu. De nombreux Tibétains sont touchés et Kelsang est tuée. Une centaine d’...