Fiction et réalité nicaraguayennes
Publié en janvier 2025. Par Books.
Victime de la dérive autoritaire du gouvernement de Daniel Ortega au Nicaragua, l’écrivaine Gioconda Belli, déchue de sa nationalité, aborde dans son dernier roman une sorte de biographie cachée.
Le personnage central du livre, Penélope, est une Nicaraguayenne de 45 ans qui se rend en Espagne pour s’occuper des affaires de sa mère Valeria, récemment décédée. Après avoir lutté pour renverser la dictature de Somoza, Valeria, déçue par la révolution sandiniste à laquelle elle avait contribué, avait émigré à Madrid, où elle est morte dans la solitude la plus totale. Enfermée pendant quatre mois à cause de la pandémie, plongée dans l’intimité d’une mère qu’elle a toujours sentie absente, Pénélope découvre la vie passionnante d’une femme marquée par des triomphes et des défaites, la clandestinité et les vicissitudes de l’amour. Entre vibromasseur et alcool, elle va découvrir un grand secret.
Cette fiction permet à Gioconda Belli de retracer l’histoire de sa famille et des révoltes et révolutions qui ont secoué le Nicaragua pendant le XXe siècle et jusqu’à nos jours. C’est aussi un roman charnel, et ceux qui connaissent déjà l’œuvre de la poétesse l’apprécieront. « À travers le jeu de miroirs entre la protagoniste et les traces de sa mère décédée, nous retrouvons toutes les Gioconda Belli qui ont également peuplé sa poésie, écrit dans El País la journaliste et écrivaine Berna Gonzáles Harbour : la Belli révolutionnaire et rêveuse qui allait changer le monde ; la désenchantée ; la mère dévouée à ses filles et celle à qui l’on reproche de consacrer plus d’énergie à changer le pays qu’aux tâches ménagères ; la femme qui a tout perdu et celle qui s’en est sortie à nouveau ; la femme hantée par la vieillesse ; la lectrice des Méditations de Marc Aurèle ou des Métamorphoses d’Ovide, de Marcel Proust, de Poe, de Cortázar ou de Virginia Woolf. »