Feu sur la bêtise !
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Cécile Guilbert.
La résurrection d’un canular publié en 1741 par un collectif d’esprits libres, assortie d’un texte de Pierre Senges et de 438 notes de Pierre Lafargue, est un régal de « satire dans la satire ». Wokes s’abstenir.
Par bonheur surnagent encore des éditeurs sagaces et des classiques à rafraîchir de manière inventive. Tout n’est donc pas perdu au royaume de la littérature qui sait mieux penser la bêtise (et surtout la « bêtise intelligente » chère à Robert Musil) que toute la philosophie. C’est ce que je me dis en découvrant avec joie que les éditions Vagabonde viennent de publier Histoire de Martinus Scriblérus, de ses ouvrages & de ses découvertes, qui n’avait pas été réédité en France depuis 1796 ! Une négligence incroyable s’agissant d’un livre écrit à plusieurs mains par la fine fleur des lettres anglo-irlandaises de l’époque et qui, excusez du peu, constitue l’une des sources majeures du Tristram Shandy de Laurence Sterne. Mais voilà, la littérature britannique des XVIIe et XVIIIe siècles, mal connue, peu traduite, a toujours été négligée par l’édition française.
Revenons au Scriblerus Club (de scribbler, « gribouilleur », « plumitif »),...