Publié dans le magazine Books n° 79, septembre - octobre 2016.
Le désir de se distinguer conduit à un déluge de livres mal pensés, mal aboutis et parfois injurieux. Cette cause de distraction reflète un manque de respect pour le public. Extrait.
Quoi que nous ayons une infinité de livres qui nous donnent des préceptes pour nous apprendre l’art de bien parler, nous n’en avons presque point qui nous apprennent celui de bien faire les livres. Il est vrai qu’il faut beaucoup plus d’art pour l’éloquence. Il y faut plus de figures et de mouvements, et les raisons y doivent être plus vives et plus serrées que sur le papier. Mais comme la censure des yeux est beaucoup plus sûre et plus rigoureuse que celle des oreilles, il faut plus de conduite et un plus grand fond d’esprit pour bien écrire. Le loisir que le lecteur a de repasser et de considérer de tous côtés les choses qu’on lui présente, fait que l’on a besoin d’une plus grande solidité pour soutenir son examen et ses regards : au lieu qu’il suffit que l’orateur éblouisse un moment les yeux de ses auditeurs.
Nous serions donc fort redevables à M. Saldenus, à La Haye, de nous donner des instructions là-dessus 1. Son dessein a pourtant été plutôt de recueillir celles qu’il a trouvées dans ses lectures,...