« Evans a reconstitué une civilisation jusque-là inconnue »
Publié dans le magazine Books n° 12, mars-avril 2010. Par Alexandre Farnoux.
Historien, spécialiste de la Grèce minoenne, Alexandre Farnoux enseigne l’archéologie à la Sorbonne. Il est notamment l’auteur de Cnossos, l’archéologie d’un rêve (Gallimard, 1993), ouvrage dans lequel il réhabilite l’œuvre d’Arthur Evans. Il nous explique pourquoi les accusations portées contre l’archéologue britannique dans l'article de Mary Beard « Cnossos, le fabuleux destin d'une imposture » doivent être relativisées.
Les restaurations menées par Evans sur le site de Cnossos relèvent-elles finalement de la falsification historique ?
Les spécialistes n’ont jamais été dupes de la part de reconstitutiondans les interventions d’Evans. Dès les années 1930, il était surnommé« le constructeur de ruines ». Bien entendu, le caractère irréversiblede ces restaurations pose problème, mais parler de falsification estexcessif et aujourd’hui revient à se poser en « tribunal del’histoire ».
Les critiques dont se fait écho l’article de Mary Beard ne seraient donc pas justifiées ?
L’article et le livre dont il fait le compte rendu s’inscrivent dans unrenouveau des études historiographiques entamé il y a une vingtained’années. Une partie de ces travaux relèvent d’une analyse à charge, oùl’œuvre de nos prédécesseurs n’est pas suffisamment examinée. Dans lecas d’Evans, il est incontestable que ses aménagements ne correspondentpas aux normes actuelles de conservation et de restauration des sites.Mais il faut rappeler que Cnossos fut l’un des rares sites aménagés etvisitables dès avant...