L’essor de la police connectée
Publié le 15 novembre 2019. Par Amandine Meunier.
Pour lutter contre la fraude, les députés ont décidé mercredi 13 novembre de permettre aux services fiscaux et douaniers de collecter en masse les données des Français sur les réseaux sociaux et les plateformes de commerce en ligne.
Les autorités utilisent de plus en plus les ressources du big data pour combattre, et même essayer de prévenir, les crimes et délits, comme l’explique le professeur de droit Andrew Guthrie Ferguson dans The Rise of Big Data Policing.
Pour traquer le crime, la police peut s’appuyer sur ses propres statistiques en la matière, mais aussi sur les données laissées par tout un chacun sur internet et celles collectées par les administrations.
Selon Ferguson, plus de 60 districts aux États-Unis utilisent déjà une forme de police prédictive. À Los Angeles, les policiers organisent leurs patrouilles en fonction des « points chauds » potentiels repérés par leur système informatique. À Chicago, un algorithme fourni aux agents une liste des personnes susceptibles de perpétrer ou d’être victime de violence. Ils concentrent leur attention sur ces individus, allant jusqu’à prévenir les malfrats potentiels qu’ils les ont à l’œil.
Mais, prévient Ferguson, ce type de méthode peut avoir des effets négatifs. Les policiers envoyés dans un quartier signalé comme à risque pourraient se sentir plus facilement menacés, donc être plus prompts à faire usage de la force. Et les prédictions des algorithmes ne sont pas exemptes de biais. Leur manière de pondérer les données peuvent reproduire les stéréotypes que ces outils dits « objectifs » étaient censés éviter.
L’efficacité même de ces méthodes reste à prouver. Dans certaines villes, l’introduction de ces nouvelles technologies s’est accompagné d’une baisse de la criminalité, mais dans d’autres, aucun effet n’a été constaté.
Le véritable intérêt de ces pratiques fondées sur le big data est aujourd’hui politique, assure Ferguson. Elle permet aux autorités de montrer qu’elles agissent.
À lire aussi dans Books : « “Big data” change notre rapport au monde », mars 2014.