Érotique de l’open space

Sade serait-il le précurseur du « roman de bureau » ? Dans Les Cent Vingt Journées de Sodome, quatre aristocrates s’enferment dans une forteresse pour assouvir leur fureur lubrique. Avec son règlement intérieur, son organisation du travail, ses rapports hiérarchiques, la vie au château ressemble à s’y méprendre à la vie en entreprise.


© Fototeca / Leemage Les écrits de Sade témoignent d’un intérêt peu commun pour des actes qui ne peuvent être accomplis que par plusieurs personnes travaillant en groupe et se pliant à des règles arbitraires.
Le terme « bureaucratie » est venu au monde au milieu du XVIIIe siècle par le biais de la littérature française. L’éco­nomiste Vincent de Gournay forgea ce néologisme comme un mot plaisant pour désigner l’éventualité – qu’il ­jugeait ridicule – d’un « gouvernement du ­bureau ». Gournay avait calqué son mot sur d’autres termes plus sérieux désignant différentes formes de régime politique, comme l’aristocratie (le gouvernement des meilleurs) et la démocratie (le gouvernement du peuple). La bureaucratie ne tarda pourtant pas à quitter le terrain de la satire pour mener sa propre vie quand la Révolution française se mit en branle. La Terreur, comme on le sait, fut notoirement bureaucratique, les dénonciations, des condamnations et les exécutions s’accompagnant de la constitution de dossiers.
Le 2 juillet 1789, dit la légende, les passants entendent une voix hurler de l’intérieur de la Bastille : « Ici on assassine les prisonniers ! » Deux semaines plus tard, des citoyens prennent la forteresse d’assaut, inaugurant la séquence d’événements longue et complexe qui deviendra la Révolution française. L’auteur présumé du cri, un certain Donatien...
LE LIVRE
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Les 120 Journées de Sodome de Donatien Alphonse François de Sade, 10/18

ARTICLE ISSU DU N°85

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