Épidémie : ce qu’on doit faire, ce qu’on peut faire
Publié le 14 février 2020. Par La rédaction de Books.
Tandis que le nombre de morts et de personnes contaminées par le nouveau coronavirus a continué d’augmenter en Chine, les pays de l’Union européenne ont décidé jeudi 13 février de mieux coordonner leurs efforts pour prévenir la propagation de la maladie.
Le 20 octobre 1918, en plein cœur de l’épidémie de grippe espagnole, le journal L’Humanité décrit également une Europe en pleine confusion. Chaque pays, voire chaque ville déploie ses propres mesures pour se prémunir contre le virus.
Pour impressionnante qu’elle soit, l’épidémie de grippe qui sévit par le monde, ne doit cependant pas alarmer outre mesure la population. À Paris, par exemple, le nombre des cas signalés est loin d’atteindre celui qu’on put enregistrer au cours de la fameuse épidémie d’influenza qui prit naissance en 1889. La statistique hebdomadaire des services municipaux qui indiquait un total de 989 décès pendant la première semaine d’octobre, en signale pendant la seconde 1 445, sur lesquels 472 sont dus à la grippe. Or, la moyenne ordinaire des décès en cette saison n’est que de 721. Leur nombre a donc doublé, mais il suffit de rapprocher ces chiffres, si regrettables qu’ils soient, de celui de la population parisienne pour constater qu’il n’y a pas lieu de s’affoler, et que les probabilités de contracter la maladie nouvelle, nouvelle par sa virulence pour le moins, sont fort heureusement limitées.
Il n’y a donc pas lieu de s’affoler, mais il serait cependant urgent de faire quelque chose. Et nous joignons nos objurgations à celles de nos confrères qui demandent au gouvernement ou aux autorités locales de prendre des mesures générales de nature à enrayer l’épidémie.
De tous les côtés, en Italie, en Suisse, dans les départements, aux États-Unis même, où de nombreux cas de grippe ont été signalés depuis cinq jours, on ferme les théâtres, les cinémas, on interdit les cérémonies religieuses, on évite les agglomérations qui ne sont pas absolument nécessaires à la vie de la ville. Le maire de Lyon, M. Herriot, vient de prendre un arrêté qui supprime les convois funèbres les corps sont conduits directement au cimetière où ont lieu les cérémonies.
À Clermont-Ferrand, spectacles et réunions sont interdits. Les élèves de l’École normale de garçons de Tulle et du collège de jeunes filles de Brive sont licenciés. Le préfet de l’Allier « considérant que la propagation de la grippe dans le département exige l’intervention de toutes les mesures propres à sauvegarder la sante publique », a pris un arrêté « licenciant jusqu’au 4 novembre inclus les écoles primaires, élémentaires et maternelles du département ». En outre, il « interdit jusqu’à nouvel ordre, sur toute l’étendue du département, la tenue des salles de théâtre et concerts et tous spectacles cinématographiques ou autres ».
En ce qui concerne les milieux militaires, M. Mourier, sous-secrétaire d’Etat du service de santé, a interdit les visites dans les services de grippés, sauf cas d’extrême urgence. À Genève, le Conseil d’État vient d’ordonner que l’entrée de tous les spectacles sera interdite aux enfants et jeunes gens de moins de dix -huit ans. Les représentations de cinémas ne pourront pas durer plus de deux heures, et les salles devront et largement aérées et désinfectées. Les écoles de Genève sont fermées, et le service des téléphones et des tramways est très réduit.
II serait peut-être bon qu’on prît à Paris des précautions analogues. Mais que nos lecteurs ne les attendent pas pour observer, dans la mesure du possible, les soins personnels d’hygiène et d’antisepsie préventifs. Évitez d’approcher des grippés. Lavez-vous fréquemment les mains ainsi que les dents et la bouche avec une solution antiseptique. Enduisez-vous les narines d’huile mentholée ou goménolée. Et n’hésitez pas à consulter le médecin dès le moindre malaise.
R.A.