Publié dans le magazine Books n° 56, juillet-août 2014. Par Michele Pridmore-Brown.
L’enfance humaine est un prodige de l’évolution. En dotant Homo sapiens d’une longue période intermédiaire entre le sevrage et la puberté, alors que nos cousins chimpanzés passent directement de l’un à l’autre, la sélection naturelle nous a offert une capacité d’apprentissage unique. Forts du savoir accumulé et de l’audace adolescente, les jeunes humains sont souvent ceux qui ouvrent de nouvelles perspectives à l’espèce.
Bill Gates est célèbre pour avoir quitté Harvard parce que les ordinateurs étaient décidément plus amusants que les cours. Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a fait quasiment la même chose : son Facemash d’origine était une blague d’étudiant un peu à l’écart. Napster, qui permettait de télécharger de la musique, a été fondé par deux copains de 20 ans durant un été d’oisiveté. Et la Silicon Valley est devenue la Mecque de ces jeunes tout juste pubères qui ont allègrement révolutionné la façon dont leurs pairs interagissent, partagent, se lient d’amitié, se font leur propre publicité et manient le langage. Voilà qui renverse le schéma classique de l’apprentissage : les adultes sont désormais obligés de suivre.
Et pourtant, cette histoire est à certains égards aussi vieille que l’espèce. Les adultes détiennent le pouvoir, les jeunes obéissent aux règles un certain temps, puis cessent de le faire. Aux yeux de Melvin Konner, il est parfaitement naturel que ceux-ci soient pionniers,
a fortiori en période de mutation. À la toute fin de son livre sur l’évolution de l’...