D’un formatage à un autre
Publié dans le magazine Books n° 119, mai-juin 2022. Par Olivier Postel-Vinay.
Comme l’Histoire en général, celle de la science est un tantinet eurocentrée. Non sans talent, un historien britannique s’emploie à la libérer de ce biais. Mais il pousse le bouchon un peu loin. Au risque de créer une nouvelle orthodoxie.
« On inculque aux enfants une histoire qui exclut la diversité des ethnicités, des croyances et des cultures qui ont contribué à la science, à la technologie, à l’ingénierie et aux mathématiques d’aujourd’hui, pouvait-on lire dans une lettre publiée par la revue scientifique internationale Nature en 2018. Les ignorer renforce les stéréotypes et la marginalisation de certains groupes, alors que rééquilibrer ce récit aurait une influence positive sur ceux qui sont désavantagés dans nos salles de classe. » Les deux auteures de la lettre, membres du Stem Advocacy Institute au Massachusetts, donnaient cet exemple : « Hippocrate est habituellement considéré comme le “père de la médecine”, alors que les Égyptiens avaient déjà fait de la médecine une profession deux mille ans plus tôt. »
Leur vœu a été exaucé. Grâce à James Poskett, professeur d’histoire des sciences à l’Université de Warwick, en Angleterre, nous disposons du premier ouvrage savant consacré aux « origines globales » de la science moderne....