Deux souvenirs à propos de Geneviève de Gaulle
Publié en mai 2015. Par François Dujarric de la Rivière.
Avant d’être déportée, elle fit un séjour à la prison de Fresnes. Je l’ai entendue un jour répondre à un homme qui lui disait : « Vous qui avez été torturée… » Elle répondit : « J’ai été frappée, rouée de coups, mais je n’ai pas été torturée. »
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Pour Jacques Chirac, elle était une amie mais incarnait aussi un rattachement symbolique et très fort à l’action du Général de Gaulle. Il décida de la faire Grand Croix de la Légion d’honneur et d’en faire ainsi la première femme à recevoir cette dignité. La vie de Geneviève, la Résistance d’abord puis l’énorme entreprise de secours qu’était ADT Quart Monde faisait d’elle un exemple parfait puisqu’il n’y entrait ni politique ni finance. La cérémonie eut lieu bien sûr dans le grand salon de l’Elysée. Geneviève restait assise, ne pouvant plus se tenir debout pendant un grand moment. Quand Jacques Chirac pencha sa grande silhouette, le cordon de la Légion d’honneur tomba jusqu’aux pieds de la frêle silhouette de Geneviève. La salle était pleine, mais de la façon dont Geneviève avait voulu la remplir. En dehors de sa famille et de ses plus proches amis, elle était remplie d’hommes et de femmes sauvés par ATD Quart Monde du froid et de la faim. On sentait une très grande timidité chez ces hommes et ces femmes, dont certains s’habillaient pour la première fois de leur vie, s’avançant timidement vers le buffet. Geneviève désirait probablement que soient ce jour-là auprès d’elle ceux qui avaient été les plus misérables et qui se retrouveraient mis en lumière grâce à l’honneur qui lui était fait à elle. François Dujarric