Des livres descendus en flammes
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Peter B. Kaufman.
On se souvient de la fin de la bibliothèque d’Alexandrie et du spectacle des livres d’auteurs juifs brûlés par les nazis. Moins connus sont l’incendie de la première bibliothèque du Congrès par les Britanniques en 1814 et la destruction de la Bibliothèque nationale de Serbie en 1941. Retour sur une histoire très chaude, en marge d’une nouvelle offensive visant à détruire ou proscrire certains livres.
Un beau jour de 1953, les éditions Ballantine Books demandent à leur service publicité d’augmenter quelque peu le budget prévu pour la sortie prochaine d’un roman. Les créatifs prennent un temps de réflexion, puis proposent au service production de fabriquer une couverture en amiante pour environ 200 exemplaires de Fahrenheit 451, la dystopie de Ray Bradbury qui dépeint un monde devenu fou. Cadeau promotionnel ! Dans le roman, il est interdit de lire et de posséder des livres, et le terme « pompiers » désigne des individus qui s’invitent chez vous pour incendier votre bibliothèque. Il faut dire que c’était chaud, comme époque. Entre la bombe H, Les Sorcières de Salem et McCarthy, l’atmosphère s’embrasait 1.
Burning the Books relate (nous ne sommes plus là dans la fiction) les diverses formes qu’ont prises, à travers les âges, les attaques contre le savoir. L’auteur, Richard Ovenden, directeur de la bibliothèque Bodléienne de l’Université d’Oxford, ouvre son exposé...