Des éleveurs saignés à blanc

Le géant Tyson Foods contrôle chaque étape de la production de poulets aux États-Unis. Il fournit poussins et aliments aux fermiers, à charge pour eux de produire le plus possible. Les moins performants sont éliminés sans états d’âme. Et tout cela pour une marge bénéficiaire minime. Radioscopie d’un jeu perdant-perdant.

En janvier dernier, j’ai pris l’avion pour rentrer chez moi à San Diego. J’étais affamée et reconnaissante pour la salade de poulet qu’on m’a servie. C’était avant de lire « Le racket de la viande », de Christopher Leonard. Intitulé « Comment Jerry Yandell a perdu sa ferme », le premier chapitre raconte l’histoire d’un couple qui tentait de gagner sa vie en élevant des poulets. Les poussins que leur avait livrés la firme géante Tyson Foods se sont mis à mourir en masse. « Leur corps était comme une balle molle et rouge. Ils se délitaient au toucher, les pattes tombaient. C’est comme s’ils se désagrégeaient de l’intérieur. » Leonard est un auteur de talent, et si des poulets qui se désintègrent ne suffisent pas à vous dégoûter, apprendre comment le Zilmax, une hormone de croissance que Tyson utilisait jusqu’à l’année dernière, faisait « gonfler les vaches comme des ballons de muscles » pourrait bien vous transformer en végétarien. D’après la lettre adressée par Tyson à ses clients et que Leonard s’est procurée, l’entreprise a finalement arrêté...
LE LIVRE
LE LIVRE

Le racket de la viande de Christopher Leonard, Simon & Schuster, 2014

ARTICLE ISSU DU N°58

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