Demain les chiens de Clifford Simak : un classique
Publié dans le magazine Books n° 97, mai 2019. Par Thierry Grillet.
Demain les chiens nous projette dans un monde où une civilisation canine a succédé à la nôtre sur Terre. Ce roman de la fin des années 1940 est le livre de chevet de Michel Houellebecq. Et aussi de beaucoup de végans, qui y voient la préfiguration d’une société ayant banni la viande.
Comme Wes Anderson dans son film L’Île aux chiens (2018), Clifford D. Simak fait des chiens des êtres supérieurs, plus humains que les humains.
« Je me dois de mentionner un roman qui est depuis longtemps un livre de chevet pour moi, Demain les chiens, de Clifford Simak. Simak y réfléchit sur l’avenir de la ville. Les humains continueront-ils à se rassembler, à vivre dans les villes, ou communiqueront-ils seulement de manière virtuelle ? » déclarait Michel Houellebecq dans un entretien au quotidien Le Monde en novembre 2010. On connaissait le goût pour la science-fiction de l’auteur choyé par la scène littéraire française, lui qui a consacré un essai à H. P. Lovecraft. Mais plus surprenante est cette fréquentation au quotidien, qui conduit le poète de nos sociétés dépressives à habiter avec un livre qui, à bien des égards, a inspiré son œuvre – notamment La Possibilité d’une île.
Demain les chiens imagine une suite de huit textes qui traversent douze mille ans d’histoire humaine et sont analysés, commentés, critiqués par des chiens philologues, lointains successeurs des hommes sur la Terre. Sans doute est-ce cette projection dans la post-humanité qui...