Publié dans le magazine Books n° 21, avril 2011. Par Michael Seidman.
L’esclavage européen et américain n’a pas disparu pour cause d’inefficacité. L’indignation morale et l’évolution des rapports de puissance ont pesé plus lourd que l’intérêt économique. Sous la pression de l’Occident, l’Afrique et l’Asie suivirent, avec un temps de retard.
Le mouvement pour l’abandon de l’esclavage est né, timidement, à l’époque médiévale. Mais il n’a trouvé sa pleine expression qu’au XIXe siècle, dans le nord de l’Europe et aux États-Unis. Les chrétiens et les musulmans du Moyen Âge considéraient en effet que même la foi ne devait pas asservir les croyants. Les deux religions n’appliquèrent certes pas toujours ce principe mais, dès le XIIIe siècle, le texte des
Siete Partidas – l’ensemble des lois régissant le royaume de Castille – prévoyait des sanctions contre la servitude dans la péninsule Ibérique. Ce qui n’a pas empêché les Espagnols et les Portugais de bâtir outre-mer des empires esclavagistes, plus de deux siècles avant leurs voisins d’Europe du Nord.
En réduisant les infidèles (chiites compris) en servitude, les musulmans avaient fait œuvre de pionniers dans ce domaine. Sur la côte maghrébine, dont l’économie a reposé pendant des siècles sur l’esclavage et la piraterie, des musulmans noirs étaient régulièrement vendus aux chrétiens. En Afrique subsaharienne, les esclaves constituaient...