De quoi Charlie est-il le nom ?

Les Français qui ont défilé le 11 janvier 2015 étaient-ils bien les hérauts de la liberté ? Caroline Fourest, Daniel Schneidermann, Emmanuel Todd et Serge Federbusch proposent quatre interprétations différentes. Les plus dérangeantes sont les deux dernières.

 


©Olivier Ortelpa/Flickr

Pour Emmanuel Todd, les manifestants pro-Charlie « ont ordonné aux musulmans d'admettre que le blasphème était une composante de l'identité française ».

Les Français sont peu enclins aux accès de ferveur patriotique. Cela ne fait que rendre plus extraordinaire encore leur réaction au carnage qui s’est produit à Charlie Hebdo et dans un supermarché casher à Paris en janvier dernier. Au cours de la plus gigantesque vague de manifestations que le pays ait jamais connue, plus de quatre millions de personnes ont défilé en l’honneur des victimes. Pour la première fois depuis l’armistice de 1918, la Marseillaise a été chantée à l’Assemblée nationale. « Je suis Charlie » est devenu le cri de ralliement d’un pays en apparence uni autour des valeurs « républicaines » élémentaires de laïcité, de tolérance et de liberté d’expression. Il apparut vite, pourtant, que tout le monde en France n’était pas Charlie. Dans les banlieues où vivent de nombreux musulmans, peu d’habitants pleuraient les journalistes qui avaient insulté le Prophète. Et bien des partisans du Front national ne se retrouvaient pas non plus dans le mouvement. À leurs yeux, le fait que l’establishment politique tout entier, gauche et droite confondues, se soit rassemblé en solidarité avec un magazine choquant dirigé par...
LE LIVRE
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Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse de Emmanuel Todd, Seuil, 2015

ARTICLE ISSU DU N°71

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