De Gaulle fourbe, cynique et rétrograde

Faux décolonisateur, imperméable aux évolutions de son temps, peu attaché à la démocratie, il est resté jusqu’au bout fidèle aux valeurs militaires qu’il exaltait dans sa jeunesse. Et les institutions qu’il a léguées sont bien fragiles.


© adoc-photos

En Normandie, le 14 juin 1944, une semaine après le Débarquement. Sans de Gaulle, la France aurait-elle pu être libérée par les Alliés ?

Nous étions descendus à la plage de bonne heure. Les autres familles qui séjour­naient cet été 1951 à Saint-Gilles-Croix-de-Vie, en Vendée, étaient françaises pour la plupart. Plusieurs d’entre elles possédaient un de ces premiers postes de radio portatifs qui étaient de grosses boîtes en bois recouvertes de similicuir (on venait de m’en offrir un pour mon douzième anniversaire, mais je ne l’avais pas pris avec moi). Nous n’étions pas sur la plage depuis longtemps quand les radios se sont mises à couiner plus fort que d’habitude et nous avons observé un curieux manège autour de nous. Certains des hommes se sont levés et sont restés dans une drôle de position, les bras le long du corps comme s’ils étaient au garde-à-vous, d’autres ont mis la main en ­visière, regardant fixement vers le large. Je sentais un grand malaise autour de moi, je voyais que les gens ne savaient pas comment réagir à ce qui se passait. « Qu’est-ce que c’est ? » demanda mon père à la famille à côté de nous. « C’est le Maréchal, il est mort, là-bas », dit l’homme...
LE LIVRE
LE LIVRE

A Certain Idea of France: The Life of Charles de Gaulle de Julian Jackson, Allen Lane, 2018. À paraître au Seuil en septembre 2019

ARTICLE ISSU DU N°95

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