Publié dans le magazine Books n° 42, avril 2013. Par Robert F. Worth.
Pourquoi un pays traditionnel et isolé, naguère havre des hippies, est-il devenu un véritable sanctuaire du djihadisme international, alors qu’il en avait été presque débarrassé après le 11 Septembre ? Réponse : la faiblesse de l’État, les calculs à courte vue d’un président manipulateur et l’inconstance de l’administration américaine. Aujourd’hui, même repliés dans le désert, les djihadistes restent une menace majeure pour le pays, pour son voisin saoudien et pour le monde.
Le Yémen est un vieux pays du sud de la péninsule Arabique, creuset de bon nombre des peuples et des coutumes que nous considérons aujourd’hui comme « arabes ». Mais, pour la plupart des Occidentaux, ce n’est guère plus qu’un nom de code d’étranges conspirations terroristes. La branche locale d’Al-Qaïda a tenté à trois reprises de poser des bombes à bord d’avions à destination des États-Unis, depuis le « plastiqueur à l’entrecuisse » [le Nigérian Omar Farouk Abdulmutallab] qui tenta, fin 2009, de se faire sauter alors que son vol approchait de Detroit, et ne parvint qu’à brûler ses parties génitales. Les projets d’attentats n’ont cessé de gagner, depuis, en sophistication, et la crainte d’une nouvelle attaque en provenance du Yémen trouble, dit-on, le sommeil du président Obama. Le pays est souvent décrit dans la presse comme la « patrie ancestrale d’Oussama Ben Laden », alors que le père de ce dernier n’était qu’un tout jeune homme lorsqu’il émigra en Arabie saoudite.
Compréhensible, cet intense intérêt porté au djihad yéménite est aussi terriblement réducteur. D’abord parce que ce...