Publié dans le magazine Books n° 100, septembre 2019. Par Muriel Fabre-Magnan.
Le principe de dignité de la personne humaine est au fondement de toutes les grandes déclarations des droits. Or les interprétations trop extensives ou trop restrictives qui en sont faites ces derniers temps menacent cette avancée majeure et la détournent de sa fonction.
À plusieurs grands moments de notre histoire, la proclamation solennelle de droits inaliénables et sacrés a paru une réaction nécessaire aux injustices et aux massacres. Les temps étant aujourd’hui, et en comparaison, relativement apaisés, la mémoire se fait défaillante. Défaillante du côté de ceux qui en appellent à se débarrasser des droits de l’homme, mais défaillante aussi du côté de ceux qui veulent en accroître sans conscience et sans mesure la portée.
Il est temps alors de renouveler la défense des droits de l’homme – avancée majeure de nos démocraties –, mais une défense critique, destinée à les sauver, en grande partie, contre eux-mêmes.
Plusieurs critiques peuvent être formulées contre certaines interprétations récentes des droits de l’homme. Elles ne sont pas irrémédiables mais nécessitent un changement majeur et urgent d’orientation. Exprimées de façon positive, elles pourraient se résumer en cinq recommandations, au demeurant étroitement liées.
1. Ancrer les droits de l’homme dans ce qu’il y a de commun entre les êtres humains
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