Publié dans le magazine Books n° 83, mai / juin 2017. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Le célèbre docteur Kellogg, inventeur des céréales de petit déjeuner, y voyait avant tout un remède contre le vice solitaire, le plus épouvantable des péchés contre nature avec la sodomie.
Les ados qui mâchonnent leurs corn flakes le regard vitreux savent-ils qui était le bon docteur Kellogg, l’inventeur de leur régal du matin ? S’ils le savaient, leurs flocons sucrés leur resteraient peut-être sur l’estomac. Car John Harvey Kellogg n’est pas qu’un médecin du Michigan inventeur d’une délicieuse recette de céréales. C’est aussi le combattant d’une croisade acharnée contre un fléau « pire que la guerre, la variole, la peste et autres maladies du même type… Un mal qui conduit les victimes à périr, littéralement, de leurs propres mains » – en un mot comme en mille, la masturbation.
Ce mal, auquel il consacre près de 700 pages dans un traité publié en 1877 et maintes fois réédité, « constitue en effet un crime doublement abominable. En tant que péché contre nature, il n’a d’équivalent que la sodomie (voir Genèse 19, 5 ; Juges 19, 22). Et c’est aussi le plus dangereux de tous les abus sexuels parce que le plus largement pratiqué. Il n’existe en effet pratiquement aucune limite à son exercice ; et sa répétition fréquente provoque chez sa victime une...