Confessions d’un toqué de montres

Début 2016, alors que Donald Trump entame son ascension vers la présidence des États-Unis, un écrivain new-yorkais d’origine russe est pris d’une passion aussi subite que dispendieuse pour les montres. Et découvre un monde qui devient sa nouvelle terre d’asile.


© Patrice Normand / Editions de l’Olivier

Gary Shteyngart : « Quand j’étais enfant, mon premier ami fut une montre, une Casio H-108 12 Melody Alarm. Elle jouait douze mélodies, dont Kalinka, une chanson de ma Russie natale. »

Début 2016, j’ai un mauvais pressentiment. Le temps est détraqué. Il y a des semaines qui filent comme des jours, d’autres qui s’étirent comme des mois, et les mois se fondent les uns dans les autres, trois par trois – janfévmars – ou se disloquent comme autant de micro-­États à calendrier grégorien. Fév. Ri. Er. Le monde ne tourne pas rond.
Un jour de février, je prends le ­métro. Cela m’arrive rarement. Depuis que j’ai eu 40 ans, ma claustrophobie s’est aggra­vée. Il y a quelques années, je suis resté coincé pendant une heure dans un ascen­seur avec un type qui pesait 160 kilos et ses deux chariots à provisions pleins à ras bord de sachets de Tostitos et de bouteilles de Canada Dry – une expérience à la fois terrifiante et solitaire. L’ascenseur avait tout bonnement lâché. Et si une rame de métro refusait elle aussi de bouger ? Du coup, je me suis mis à parcourir à pied soixante-dix pâtés de maisons ou à dépenser une fortune en taxis. Mais, ce jour-là, je prends la ligne N.
Quelque part entre la 49e et la 42e...
LE LIVRE
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Mémoires d’un bon à rien de Gary Shteyngart, Points, 2016

ARTICLE ISSU DU N°85

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