Comprendre l’autisme

La prévalence de l’autisme a énormément augmenté depuis un quart de siècle dans les pays riches, les seuls où la maladie est placée sous une surveillance systématique. Les chiffres les plus spectaculaires nous viennent des États-Unis, où la même méthodologie est utilisée depuis 1989. Pour l’autisme à 8 ans (qui est l’âge de prévalence maximale), on est passé de 0,4 cas à 11,3 cas pour 1 000 enfants – dont le diagnostic a été contrôlé – en 2008 (enquête publiée en 2012). L’augmentation a été régulière, mais les chiffres varient beaucoup d’un site d’étude à un autre (de 4,8 à 21,2 pour 1 000). On retrouve l’habituelle disparité entre garçons et filles : une fille sur 252, mais un garçon sur 54. Cela signifie que dans une école donnée, il y a désormais un garçon autiste pour deux classes. Il y en aurait même davantage, si l’on accepte les résultats d’une enquête encore plus récente reposant sur les seules déclarations des parents. En Europe, les chiffres sont moins spectaculaires mais l’évolution est comparable. Pourquoi cette épidémie ? Comme l’illustre notre dossier, le sens du mot « autisme » s’est élargi avec le temps. Il renvoie à une grande diversité de troubles d’intensité variable. En outre, le concept s’est banalisé a fait son entrée dans la conscience collective ; de toute évidence, une large part du développement de la pathologie est davantage imputable à un phénomène de société qu’à une épidémie au sens médical du terme. C’est le point de vue d’un historien des sciences et des mentalités aussi chevronné que Ian Hacking, celui aussi de Peter Bearman, un sociologue qui a exploré systématiquement toutes les raisons possibles de ladite épidémie. Quant aux causes de l’autisme, elles continuent hélas d’échapper dans une grande mesure aux investigations des scientifiques, comme en témoigne le dernier ouvrage de la célèbre autiste Temple Grandin. Les psychanalystes, eux, sont sur le gril.   Dans ce dossier :

Pour aller plus loin

Judy Barron et Sean BarronMoi, l’enfant autiste, J’ai Lu, 2000. Aujourd’hui journaliste dans l’Ohio, Sean Barron, diagnostiqué autiste à l’âge de 4 ans en 1965, a écrit ce livre avec sa mère.

Jacqueline BergerSortir de l’autisme, Buchet-Chastel, 2007. Par une journaliste mère de deux jumelles ayant souffert d’un syndrome autistique.

Josef SchovanecJe suis à l’Est ! Savant et autiste : un témoignage unique, Édition revue et corrigée, Pocket, 2013.

ARTICLE ISSU DU N°50

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