Inattendu
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Comment le smog a redessiné Londres


Pont de Waterloo, Claude Monet

D’ici quelques années, peut-être ne pourra-t-on plus se représenter les grandes villes chinoises autrement que coulées sous une chape de brouillard, un peu comme le Londres du XIXe siècle est devenu indissociable du smog. Avant que les autorités britanniques ne se préoccupent de l’air de leurs concitoyens, la pollution menaçait non seulement la santé des Londoniens, mais aussi leurs habitudes. Le spécialiste de chimie atmosphérique Peter Brimblecombe décrit, dans Smoke and Mirrors, comment le smog a redéfini tout un mode de vie. A l’ère victorienne, les Londoniens se passent des plaisirs de la promenade. L’activité favorite des habitants de Big Smoke (le surnom donné à la capitale) est de se retrouver autour de la cheminée, à rêver de jardins urbains, de poumons verts. A l’intérieur, tout est sombre : papier-peint noir, mobilier de couleur foncée. Même les vêtements délaissent le blanc. Il est plus « facile », souligne Brimblecombe, de se débarrasser des polluants et notamment de la suie sur des tissus sombres (tissus qu’il n’est évidemment plus question de faire sécher aux fenêtres). Même les parapluies sont devenus noirs, afin de ne pas dépareiller avec les pluies chargées de poussières collantes. Toutes les couleurs de la ville ont changé, inspirant les écrivains et surtout les peintres : Monet, Derain…

Faut-il laver les bâtiments à grande eau ou se résigner au nouveau paysage ? Les Londoniens en débattent. A la fin du XIXe siècle, les architectes préconisent toutes sortes de mesures pratiques pour se protéger de la pollution. Le style gothique est abandonné : des bâtiments avec moins de détails s’encrassent moins facilement. On privilégie les matériaux les moins sensibles à la salissure et on multiplie les fenêtres pour capter plus de jour dans les intérieurs. Les Londoniens vont même jusqu’à inventer de multiples protections pour préserver les objets du quotidien, comme des pochettes spéciales pour les livres.

LE LIVRE
LE LIVRE

Smoke and Mirrors: The Politics and Culture of Air Pollution de E. Melanie Dupuis (dir.), NYU Press, 2004

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