Publié dans le magazine Books n° 78, juillet-août 2016. Par Bruce Barcott.
Entre 1812 et la guerre de Sécession, les États-Unis ont régné sans partage sur la pêche baleinière. Des centaines de navires étaient dédiés à cette activité jugée héroïque, aussi dangereuse que lucrative : utilisée pour l’éclairage public, l’huile tirée de la graisse des cétacés valait de l’or. Le pétrole précipitera le déclin de cette industrie.
Laissant aux autres le soin de présenter leur sujet avec humilité, Eric Jay Dolin, l’auteur de « Léviathan », plante fièrement son drapeau dès les premières phrases de son livre. « Depuis l’arrivée des pèlerins du
Mayflower jusqu’au début du XXe siècle, la pêche à la baleine a exercé une puissante influence sur l’évolution du pays. La culture, l’économie, l’esprit même de l’Amérique ont surgi en grande partie du corps des baleines, au sens propre comme au figuré. »
Les États-Unis seraient donc nés des baleines !
« Léviathan » est une histoire complète de cette pêche aux États-Unis, riche en détails. En refermant le livre, vous aurez acquis cette certitude : la chasse à la baleine était une activité sanguinaire, brutale, sale, pestilentielle, dangereuse, parfois lucrative mais toujours risquée.
Les baleiniers basques écumaient déjà les eaux de Terre-Neuve dans les années 1540, et certaines tribus d’Indiens les ont peut-être devancés, mais le récit de Dolin commence véritablement dans les années 1620, quand les colons anglais se mirent à massacrer ces mammifères marins qui s’échouaient sur...