Publié dans le magazine Books n° 107, mai 2020. Par Neel Burton.
On peut chercher à surmonter l’ennui. Mais mieux vaut se délecter de cet état d’« excitation insatisfaite », tant il nous offre une compréhension profonde de la réalité et de la condition humaine.
Qu’est-ce que l’ennui au juste ? C’est un état d’excitation insatisfaite extrêmement désagréable. Nous sommes excités et non pas déprimés, mais, pour une raison ou pour une autre, nous ne parvenons pas à satisfaire ou à canaliser cette excitation.
Ces raisons peuvent être internes – manque d’imagination, de motivation ou de concentration très souvent – ou externes – absence de stimuli extérieurs ou de possibilités d’action. Nous voulons faire quelque chose d’intéressant, mais nous en sommes incapables, et, surtout, nous en avons conscience et cela nous contrarie.
Cette conscience ou prise de conscience est déterminante et pourrait expliquer que les animaux, s’ils s’ennuient, ont un seuil de tolérance plus élevé. « L’ennui est un désagrément pour la plupart des animaux mais une torture pour l’homme », selon l’expression de l’écrivain britannique Colin Wilson. Chez l’homme comme chez l’animal, l’ennui est provoqué ou exacerbé par l’absence de maîtrise ou de liberté. C’est pourquoi il est si fréquent chez les enfants et les adolescents, qui non seulement sont encadrés...