Publié dans le magazine Books n° 44, juin 2013. Par Mary Beard.
Des écailles de poisson retrouvées à Pompéi, la frise d’une villa, un poème satirique, et voilà qu’apparaît, encore un peu floue tant les sources sont rares, l’intense activité commerciale dont bruissaient les villes romaines : les rues, les forums et jusqu’aux soubassements des temples étaient bordés de boutiques, auxquelles s’ajoutait la foule braillarde des colporteurs et autres marchands d’en-cas.
Le plus mémorable récit de l’Antiquité à propos d’une virée dans les magasins se trouve dans des vers ironiques du poète Hérondas, qui vivait au IIIe siècle av. J.-C. à Alexandrie, alors la ville de beaucoup la plus sophistiquée du monde occidental. Dans le poème, une femme du nom de Metro et quelques amies se rendent chez le chausseur, un certain Kerdon (« profiteur »). À peine sont-elles entrées que des esclaves les font s’asseoir sur un banc, tandis que le propriétaire des lieux tente d’éveiller leur intérêt pour ses marchandises en portant aux nues leur style, leur finition et leurs coloris flamboyants. Tous les modèles de la boutique (« sicyoniennes », pantoufles, bottes, sandales argiennes, souliers « écarlates », ballerines) sont finalement présentés avant que les clientes se mettent à négocier le prix et à s’inquiéter de ce qu’elles porteront aux pieds lors d’une prochaine fête.
On dit souvent que le shopping, au sens où nous l’entendons aujourd’hui (ce mélange de transaction économique, de voyeurisme et de divertissement), est une invention relativement récente. L’expression anglaise « to shop »
[« faire...