Le combat perdu de l’Afghanistan contre la corruption

Depuis 2001, les États-Unis affirment vouloir favoriser la bonne gouvernance dans le pays. Mais ils ont en réalité encouragé la corruption, une institution enracinée de longue date. Destinée à combattre les talibans, cette politique a finalement contribué à renforcer leur influence.


© Bryan Denton/The New York Times/Redux/Rea

Bureau de change dans une rue de Kaboul, 2012. L’Afghanistan a pris l’habitude de compter sur la générosité des bailleurs de fonds étrangers.

En octobre 1951, une bande de voleurs déroba une importante cargaison d’opium dans la ville portuaire de Punggol, dans le nord-est de Singapour. Le Singapour de l’époque ne ressemblait guère à celui d’aujourd’hui. Plaque tournante du trafic de drogue entre l’Inde et la Chine, l’île était rongée par la criminalité et la corruption. L’enquête menée par les auto­rités britanniques conclut que plusieurs hauts gradés de la police singapourienne figuraient parmi les coupables. À la suite de cette affaire, l’administration coloniale créa un Office de lutte anticorruption. Quelques années plus tard, lors de l’accession de Singapour de l’indépendance, le nouveau Premier ministre, Lee Kuan Yew, déclara que la décadence et la corruption le dégoûtaient et jura de débarrasser Singapour de ce fléau. Lors de leur prise de fonctions officielle, ses ministres portaient des chemises et des pantalons blancs pour manifester la pureté de leurs intentions. Les nouveaux dirigeants ne con­damnent souvent la vénalité de leurs prédécesseurs que pour la surpasser lorsqu’ils accèdent au pouvoir. De Duvalier, à Haïti, à Fujimori, au Pé...
LE LIVRE
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Thieves of State: Why Corruption Threatens Global Security de Sarah Chayes, Norton, 2015

ARTICLE ISSU DU N°91

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