Ci-gît le village modèle de Ford

Ce devait être un paradis, ce fut un enfer. Entre 1927 et 1945, le père de l’industrie automobile américaine créa en pleine forêt amazonienne une cité agro-industrielle idéale, dédiée à l’exploitation du caoutchouc et au progrès de l’humanité : Fordlandia. Les lois de la jungle eurent raison de cette utopie.

Durant l’été 1927, un certain Willis Blakeley, 37 ans, cadre chez Ford, débarquait dans le port brésilien de Belém, à l’embouchure de l’Amazone, après une fastidieuse traversée de deux semaines depuis New York. Il avait été envoyé au Brésil pour une mission secrète : négocier avec le gouvernement des concessions et fonder une plantation de caoutchouc organisée autour d’un village, sur des terres que la compagnie avait repérées le long du Tapajós, un affluent de l’Amazone, à mille kilomètres et six jours de bateau de Belém. Ce projet, en gestation depuis deux ans, était la pièce la plus ambitieuse du programme de villages industriels modèles conçu par Henry Ford – la construction de petites communautés autosuffisantes où l’industrie et l’agriculture coexisteraient, s’épaulant l’une l’autre, libérées des forces corrosives du capitalisme. Dans l’esprit de Ford, il s’agissait fondamentalement de bourgs typiques de l’Amérique moyenne : des maisons à bardeaux disposées autour de placettes, avec scieries et usines hydroélectriques, et, pour l’édification morale des habitants, des activités comme le golf et le...
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Fordlandia. Grandeur et décadence de la cité amazonienne oubliée de Henry Ford de Ci-gît le village modèle de Ford, Metropolitan

ARTICLE ISSU DU N°15

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