Publié dans le magazine Books n° 87, janvier/février 2018. Par Jean-Louis de Montesquiou.
En 1898, le jeune lieutenant britannique se battait au Soudan contre « des sauvages à l’esprit limité ». Et vantait « le triomphe le plus remarquable jamais obtenu par les armes de la science ».
Le 2 septembre 1898, au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu, le corps expéditionnaire anglo-égyptien mené par sir Herbert Kitchener affronte les troupes soudanaises du « sauveur » des musulmans, le Mahdi, retranché dans la ville sainte d’Omdurman, en face de Khartoum. La bataille ne dure que quelques heures. « À 11 h 30, sir Herbert Kitchener replie sa longue-vue et déclare que l’ennemi a reçu “une bonne branlée”. » C’est le moins qu’on puisse dire. Bien que deux fois supérieurs en nombre, les derviches ont été complètement pulvérisés : 28 000 morts, blessés ou prisonniers côté soudanais ; 47 morts et 382 blessés côté britannique. Une victoire « asymétrique » s’il en fut jamais. Malgré leur courage suicidaire, les derviches déferlant en désordre avec leurs lances et leurs vieux fusils n’avaient pas la moindre chance contre des bataillons bien organisés, armés de fusils à répétition et de balles dum-dum, que soutenaient 56 mitrailleuses Maxim et 12 canonnières blindées.
Le jeune lieutenant Winston Churchill, qui s’ennuie dans l’armée des Indes, fait jouer ses relations familiales (comprendre : les amants de sa mère) pour se faire envoyer au...