Chronique d’une mort annoncée
Publié en janvier 2025. Par Books.
« Ils m’ont dit que j’allais mourir » est la première phrase du dernier livre du grand écrivain argentin Martín Caparrós. Confronté depuis trois ans à un diagnostic de sclérose latérale amyotrophique, il entreprend à 67 ans de faire le point sur son passé.
Sur plus de 650 pages, dans de courts chapitres, l’auteur passe en revue sa vie, son histoire familiale – son arrière-grand-mère polonaise assassinée à Treblinka, son grand-père espagnol emprisonné par Franco –, ses nombreux amours et ses œuvres, plus nombreuses encore. Il aborde à la fois la progression de sa maladie et son passé de nomade : militant révolutionnaire pendant la dictature argentine, il a dû s’exiler en France puis en Espagne. Grand voyageur, il a vécu à Paris et à New York puis à Buenos Aires pour finalement s’installer à Madrid. Les deux récits se lisent ensemble, mais, comme l’huile et l’eau, ne semblent pas se mélanger, écrit Daniel Ulanovsky Sack dans Letras Libres.
Il se voulait plutôt écrivain que journaliste, mais il fallait bien vivre. Il s’est toujours senti plus romancier que témoin de la réalité. Apprécié pour ses chroniques singulières, c’est en 2011 qu’il est finalement reconnu comme écrivain lorsqu’il remporte le prix Herralde du roman pour Los Living (Anagrama, 2011).
Plus de 30 livres plus tard, avec Antes que nada, il s’attaque à une autre forme de démesure : raconter sa vie et comprendre comment il meurt. Ilse retrouve l’enfant qu’il était et d’une certaine manière qu’il est toujours et se cache derrière sa moustache-étendard. Mopi est le surnom qu’on lui donnait enfant, on le lui donne toujours. La voix qui s’exprime est moins celle de l’écrivain vénéré ou de « Martín Caparrós, chroniqueur global en espagnol » (peut-être le journaliste qui écrit le mieux dans cette langue), que la voix sincère du jeune Mopi, écrit le journaliste Paco Cerdà dans El País. Le livre est dédicacé « à ceux qui m’ont aimé, non pour qu’ils se souviennent mais pour qu’ils apprennent à m’oublier ».