Christopher Brooke : « Cesser de mettre le travail au centre de tout »

Verser à tous un revenu garanti permet de moins dépendre de l’activité rémunérée, estime le politologue Christopher Brooke. Ce qui va à l’encontre des intérêts fondamentaux du contrat social imaginé par Rousseau.


© Ann Summa / The New York Times / Redux / Rea

Surfeurs à Malibu, en Californie. À en croire certains de ses opposants, le revenu universel reviendrait à financer des oisifs qui ne contribuent en rien à la société.

  Christopher Brooke enseigne l’histoire de la pensée politique à l’université de Cambridge. Il a notamment publié Philosophic Pride: Stoicism and Political Thought from Lipsius to Rousseau (Princeton University Press, 2012) et a contribué à l’ouvrage The General Will: the Evolution of a Concept (Cambridge University Press, 2015).   Dans son manifeste Justice agraire (1), adressé au Directoire en 1797, Thomas Paine proposait qu’un pécule soit versé à tout citoyen atteignant sa majorité. Il précisait : « Il est proposé que les paiements […] soient faits à chaque personne, riche ou pauvre. Il est mieux de faire ainsi, pour empêcher d’odieuses distinctions. » Entendait-il définir un nouveau droit de l’homme ? Je ne pense pas que Paine définissait un nouveau droit de l’homme mais plutôt qu’il exploitait une idée beaucoup plus ancienne. La Bible dit : « Les cieux sont à l’Eternel mais il a donné la terre aux enfants des hommes » (Psaumes 115, 16), et on interprète souvent ce verset comme signifiant que Dieu a donné la terre à l’humanité tout entière pour qu’elle la gère en commun. On peut bien sû...

ARTICLE ISSU DU N°83

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