Publié dans le magazine Books n° 85, septembre / octobre 2017. Par Baptiste Touverey.
Goût du travail, horreur des dettes, importance de l’éducation et de la musique, faible taux de natalité… En 1517, Luther lançait la Réforme. Cinq cents ans plus tard, ses valeurs continuent d’imprégner l’Allemagne. Elles sont devenues un style de vie.
© Thomas Kierok / Blessing
Si le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a imposé une austérité démente à la Grèce, c’est en partie à cause de son rapport luthérien à l’argent, estime Christine Eichel.
Christine Eichel est une journaliste et écrivaine allemande. Elle a travaillé pour la télévision et dirigé le service culture du magazine politique Cicero puis celui de l’hebdomadaire Focus. Notre entretien avec elle a été réalisé à la Maison Heinrich Heine, à Paris. Dans votre livre, vous écrivez : « Beaucoup de choses autrefois typiquement protestantes sont ressenties de nos jours comme typiquement allemandes. » Mais qu’est-ce qui vous permet de réduire l’Allemagne à une nation protestante alors que les catholiques y sont très nombreux, notamment dans le Sud ?Il est vrai que l’Allemagne actuelle n’est que pour un tiers protestante. Un autre tiers est catholique et le dernier tiers est d’une autre religion ou athée. Mais la culture dominante est la culture protestante. C’est elle qui s’est imposée, y compris aux Allemands d’autres confessions.
Pourquoi ?Parce qu’elle proposait un modèle bien mieux adapté aux exigences de la modernité : pas de dogmes, le goût de l’instruction, du...