Chine : un autoritarisme tout en souplesse
Publié dans le magazine Books n° 116, novembre-décembre 2021. Par Ian Johnson.
En juillet 1921, à Shanghai, une poignée de jeunes activistes fondait le Parti communiste chinois. Cent ans plus tard, le PCC compte 92 millions de membres et pilote l’une des économies les plus puissantes du monde. On pense souvent que l’extraordinaire ascension du Parti repose sur l’usage de la violence et de l’intimidation. À tort : la véritable clé de son succès, c’est sa capacité d’adaptation.
En 1971, ces Chinoises issues de différentes ethnies lisent ensemble des citations du président Mao pour résoudre des problèmes rencontrés dans leur travail.
En février 2021, le dirigeant chinois Xi Jinping a donné une réception somptueuse au palais de l’Assemblée du Peuple, à Pékin, pour annoncer un exploit historique : l’éradication de l’extrême pauvreté en Chine. Cet événement grandiose, organisé dans une salle de bal gigantesque en présence de centaines de dignitaires venus des quatre coins du pays, a été minutieusement programmé pour donner le coup d’envoi d’une année de célébrations marquant le centenaire de la fondation du Parti communiste chinois (PCC). Le pays, longtemps synonyme de pauvreté, a réalisé l’impossible, a déclaré Xi. C’est « un miracle qui restera dans l’Histoire ».
Évoquer l’Histoire n’est pas une simple fanfaronnade. Pour un parti qui prétend mener la Chine aux portes de la domination du futur – en particulier dans des secteurs aussi cruciaux que les véhicules électriques, les énergies renouvelables et l’intelligence artificielle –, la priorité numéro un est de contrôler le passé. Selon la version officielle, c’est l’Histoire...