Chiites–sunnites : cinq différences
Publié le 4 janvier 2016. Par La rédaction de Books.
La rupture des relations diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite est d’abord le fruit de la rivalité géopolitique et idéologique qui oppose, en particulier depuis la Révolution iranienne, les deux grandes puissances du Golfe persique. Mais cet affrontement politique est d’autant plus explosif qu’il peut instrumentaliser les différences réelles (petites et grandes) entre les deux principaux courants de l’islam. En voici cinq, décrites par Carl W. Ernst dans Following Muhammad.
- La question de la succession de Mahomet est la divergence fondamentale entre les deux courants. Les chiites se rangent derrière Ali, gendre et cousin du prophète. A leurs yeux, son successeur ne peut être qu’un membre de sa famille. Les sunnites, majoritaires, lui préfèrent Abou Bakr, l’un de ses compagnons, qui devient le premier calife.
- Pour les sunnites, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Dieu, et « imam » n’est qu’un terme générique pour désigner l’homme chargé de diriger la prière de la communauté. Pour les chiites, l’Imam est le représentant suprême de l’autorité de Dieu sur Terre. C’est la raison pour laquelle le chiisme possède, à la différence du sunnisme, un clergé structuré, farouchement indépendant. En Iran, les ayatollahs sont indépendants du pouvoir exécutif.
- Parce qu’ils jouent un rôle d’intermédiaire entre le croyant et Dieu, les membres du clergé chiite jouissent d’un poids considérable dans la société. Non seulement ils revendiquent l’autorité de rendre des jugements qui ont force de loi, mais l’impôt religieux doit leur être versé directement, et non par l’intermédiaire du gouvernement.
- Les chiites vénèrent particulièrement cinq personnes saintes, membres de la « maison du prophète », symbolisées par la main de Fatima (la fille de Mahomet). Les sunnites l’utilisent également, sans y attacher la même signification ni importance. Les wahhabites estiment que cette vénération de simples hommes relève de l’idôlatrie.
- Lors de la prière, les chiites posent leur tête sur un coussin d’argile (provenant de Kerbala, l’un de leurs lieux saint). C’est une marque de pureté et de vénération. Chez les sunnites, cette pratique n’a pas d’intérêt. Les deux courants ne placent pas non plus leurs mains de la même manière pendant la prière.