Cesare Pavese, l’écriture hors la vie

Il s’est suicidé en 1950, à 41 ans, après une énième consécration littéraire et un ultime échec amoureux. L’écrivain, qui n’a cessé de fustiger sa propre impuissance sexuelle et son incapacité à s’engager pour une cause, ne désirait rien tant qu’être un auteur mort. Pour protéger à jamais son œuvre de la banalisation.

Cesare Pavese a tenu un journal de 1935, l’année de son « exil » en Calabre pour activités antifascistes – il avait 27 ans –, à 1950, l’année de son suicide. Entre-temps, il était devenu un écrivain acclamé pour ses romans et sa poésie, l’éditeur, chez Einaudi, de certains des plus grands auteurs de son temps et le traducteur de nombreux chefs-d’œuvre de la littérature anglo-saxonne. Pourtant, le lecteur sera déçu, qui chercherait là une chronique de la vie sous le fascisme et l’occupation allemande, des portraits bien sentis d’écrivains avec qui Pavese a travaillé, ou simplement des détails sur ses amours notoirement malheureuses. Ce volume n’est guère que l’expression de sa volonté de saisir la relation de l’art au réel, et d’analyser la nature de sa propre psychologie et de sa propre carrière. « Tu ne parles que de toi-même et de ton travail », remarque-il un jour. Pavese intitula ce journal Le Métier de vivre (1). Vivre, en d’autres termes, est une profession qui s’apprend, et à laquelle il convient ensuite de s’astreindre, avec acharnement. L’échec et l’humiliation ne sont jamais...
LE LIVRE
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Œuvres de Cesare Pavese de Cesare Pavese, l’écriture hors la vie, Gallimard

ARTICLE ISSU DU N°31

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