Ces mercenaires qui ont fait la Suisse

Si ce petit pays misérable et désuni est devenu prospère et tranquille, il le doit paradoxalement à ses guerriers. Sept siècles durant, la Suisse a vendu son unique richesse, ses enfants, à toutes les puissances européennes. Nombre d’entre eux revinrent au pays avec de nouveaux savoirs, des manières raffinées et d’immenses fortunes.

Il est un chapitre de l’histoire des Helvètes dont on n’a pas mesuré toute l’importance : leur enrôlement dans les armées étrangères. Le mercenariat a eu une influence considérable sur la vie des Suisses, même pour ceux qui restèrent au pays. Le « service étranger (1) » est en ce sens un sujet d’histoire culturelle à part entière. Une incroyable histoire des apports extérieurs aux savoirs et savoir-faire suisses, une histoire de pillages et de violence, une histoire de puissants qui bâtirent des fortunes et assirent leur domination politique en devenant des entrepreneurs militaires (2). C’est aussi, évidemment, une histoire sur laquelle brille la sinistre gloire des armes. Pendant toute la période du mercenariat, du XIIIe siècle au milieu du XIXe, la Suisse est un pays arriéré. Les centres culturels et scientifiques européens sont ailleurs. Le génie mécanique, la musique, les beaux-arts et la littérature s’épanouissent en Italie, en Hollande et en France, ainsi que dans l’Autriche des Habsbourg. Le capitalisme et les banques prennent leur essor à Florence et à Augsbourg. L’art subtil de diriger un État et la diplomatie s’enseignent...
LE LIVRE
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Les soldats de l’Europe de Jost auf der Maur, Echtzeit Verlag, 2011

ARTICLE ISSU DU N°33

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