Cerveau en ébullition sur corps paralysé

Le rêve est le produit d’un effort quasi désespéré des parties supérieures du cerveau pour donner sens aux stimuli qui leur parviennent de façon chaotique depuis les parties inférieures, tandis que le corps ne peut plus recevoir de signaux moteurs. Le cortex frontal, qui assure l’analyse rationnelle, étant inactivé, le rêve témoigne d’une liberté créatrice qui a une parenté profonde avec celle de l’artiste.

Allan Hobson est un neurologue qui a joué un rôle de premier plan dans les percées réalisées ces dernières décennies dans la neurophysiologie et la neuropsychologie du sommeil et des rêves. Connu depuis longtemps des spécialistes pour ses vues provocatrices sur les implications philosophiques de la recherche sur le sommeil, Hobson s’adresse pour la première fois au grand public cultivé. Son objet est pour l’essentiel d’exposer le modèle désormais largement accepté du rêve qu’il a conçu avec Robert W. McCarley. Les rêves, affirme-t-il, sont le produit de l’activité des régions supérieures du cortex, qui synthétisent et ordonnent les stimuli produits largement au hasard par les centres inférieurs du cerveau lors du sommeil paradoxal, caractérisé par des mouvements oculaires rapides (1). Sous la plume de Hobson, ce modèle dit d’activation-synthèse offre un tableau impressionnant du pouvoir créatif du cerveau humain, sans quitter le cadre strict des connaissances éprouvées des sciences cognitives et des neurosciences. Il s’agit donc de la première alternative sérieuse apportée à l’interprétation des rêves...
LE LIVRE
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Le Cerveau rêvant de J. Allan Hobson, Gallimard, 1992

ARTICLE ISSU DU N°66

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