Celle qui décela la graine de la Terre
Publié dans le magazine Books n° 115, septembre-octobre 2021.
Les écrivains Hans Christian Andersen et Karen Blixen, le physicien Niels Bohr, l’astronome Tycho Brahe ou le compositeur Carl Nielsen… Autant de noms que « chaque Danois peut reconnaître avec fierté. Mais Inge Lehmann ? » C’est loin d’être une évidence, répond le quotidien Berlingske après avoir posé la question. Et pourtant, cette femme discrète, native de Copenhague et morte en 1993, à 104 ans, a marqué durablement la science. Avant elle, les sismologues croyaient que la Terre avait un noyau fluide en son centre. Jusqu’à ce qu’Inge Lehmann affirme en 1936 que notre planète a aussi un noyau solide. Mais « il lui était d’autant plus difficile de convaincre ses pairs qu’elle était une femme », raconte Berlingske, évoquant la première biographie écrite à son sujet, un « roman vrai ». Les milieux scientifiques danois n’étaient alors pas à la hauteur de la réputation du royaume concernant la place des femmes dans la société. Aux États-Unis, en revanche, on saisit vite l’intérêt des travaux de la chercheuse. Elle s’y installa pour, entre autres, aider à détecter des essais nucléaires soviétiques souterrains. En 1961,...